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Stella Vidal : mes coups de gueule et coups de coeur

Coups de gueule et coups de coeur sur des sujets variés, politique (j'adore!), actualité, automobile, billets d'humour, gastronomie, santé, enfants, protection animale, sport y tutti cuanti : no limit ! je vous attends.

LE FAUX COURAGE DE VALLS, L'HYPOCRISIE POUSSEE AU PAROXYSME

Depuis 1991, la gauche sait que le système de retraite va dans le mur. En gelant les pensions, Valls enterre une fois de plus l'indispensable réforme.

Manuel Valls et François Hollande le 13 avril 2014.

Manuel Valls et François Hollande le 13 avril 2014. © Alain Jocard / AFP

 

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Les retraites seront gelées. Jusqu'à quand ? Au moins jusqu'à octobre 2015. Quelle bonne idée ! Et pourquoi ne pas les réduire comme en Grèce ou en Espagne au stade où on en est ?

 

Non, Manuel Valls joue les grands protecteurs. Il désindexe, c'est tout. Ses airs de matamore cachent pourtant une invraisemblable désinvolture. Pas vraiment la sienne, mais celle de toute la gauche.


Voilà plus de quarante ans, depuis le Livre blanc de Michel Rocard (un des mentors de Valls) publié en 1991, que la gauche sait que le régime des retraites va dans le mur. Premier ministre, Lionel Jospin (autre mentor de Valls) n'ignorait rien de cela. Mais pour faire l'économie de réformes, il s'est contenté de créer le Fonds de réserve des retraites que, plus tard, Sarkozy et Fillon allaient siphonner. La gauche s'est toujours débrouillée pour éviter d'attaquer de front le régime des retraites.

Injustice

Et quand on dit "le" régime, c'est plutôt "les", car il en existe en France au moins une quarantaine. Le plus exigeant, le plus rigoureux, le plus dur est celui réservé aux salariés du privé. Autrement dit à ceux qui sont en première ligne dans la compétition mondiale. Ceux dont la carrière, surtout quand ils travaillent pour des PME, est prise dans la tourmente des délocalisations et des plans sociaux. Et que la gauche ignore superbement, s'agissant des retraites.


Elle leur préfère les fonctionnaires (État, collectivités locales, hôpitaux) et les employés protégés d'EDF, de la SNCF, de la RATP sans parler de l'Opéra ou de la Comédie -Française. Et pour cause, ces salariés (au premier rang desquels les enseignants) fournissent le gros de ses militants et de ses votes. Peu importe que leurs régimes de retraite soient bien plus avantageux que celui des salariés du privé.

Les fonctionnaires partent avec 75 % de la moyenne de leurs six derniers traitements et la plupart des agents SNCF-EDF-RATP se retirent entre 52 et 57 ans. C'est l'histoire d'une injustice absolue qui va parfois se loger dans des détails insupportables : dans un couple, le régime de réversion des retraites est beaucoup plus avantageux dans le public que dans le privé.


Quand il est arrivé en 2012 au pouvoir, François Hollande, flammèche au vent, a parlé de rétablir la justice. Au lieu de cela, il a brouillé les pistes. Il a donné la retraite à soixante ans à ceux qui ont cotisé plus de quarante ans. Il a ouvert le chantier de la pénibilité. Inattaquable sur le plan des principes ! Mais uniquement source de dépenses pour les régimes de retraite quand il fallait réaliser des économies que l'on aurait pu faire en calant tous les Français sur le régime du privé.

Une longue incurie

Pour le reste, aucune prise de risque, la réforme Hollande prolonge ce qu'avait lancé la réforme Sarkozy de 2010 (on ira à 43 ans de cotisations). La droite est la seule à avoir changé un peu la donne pour tous (en repoussant l'âge de la retraite de 60 à 62 ans et la durée des cotisations de 37 ans ½ à 41 ans ½). Elle non plus pourtant n'a pas osé s'attaquer aux régimes spéciaux - ou si peu. Cette longue incurie oblige aujourd'hui le Premier ministre à recourir à une ficelle énorme : geler les retraites.


Il veut faire passer pour du courage, de la rigueur, ce qui relève de quarante ans de petites et grandes lâchetés. Car à chaque fois, dans les dernières décennies, lui et ses amis socialistes - tous courants confondus - se sont opposés violemment aux réformes de la droite. Et à aucun moment ils n'ont songé à s'inspirer de ce qu'ont fait les Suédois : un même système de retraite pour tous (fonctionnaires ou salariés du privé) ; chacun pouvant s'arrêter à partir de 61 ans et améliorer sa pension en travaillant au-delà. Cerise sur le gâteau, le système prévoit un peu de capitalisation. Cette réforme a été lancée par Ingvar Carlsson. Un social-démocrate. C'était en 1991, l'année du Livre blanc de Rocard...

 

(le point.fr)

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