29 Mars 2008
Les intenses tractations, entamées par Bogota, pour faire libérer Ingrid Betancourt, sont loin de rassurer ses proches. L'ex-mari d'Ingrid Betancourt, Fabrice Delloye craint ainsi que l'otage franco-colombienne ne «soit en train de mourir, ou soit déjà morte». « Je me demande si Bogota ne dispose pas d'informations que nous n'avons pas et s'ils ne sont pas en train d'ouvrir le parapluie » pour se couvrir, a-t-il indiqué samedi, faisant référence aux déclarations inquiétantes du gouvernement colombien, la veille, surla santé de la captive, décrite comme « très malade et extrêmement fragile ». La Franco-colombienne, qui souffrirait d'une hépatite B, a, ainsi, été soignée par la guérilla dans un poste médical à la fin du mois dernier.
Autre source d'inquiétude pour les proches d'Ingrid Betancourt, la proposition d'échange humanitaire de plusieurs rebelles des Farc, emprisonnés par Bogota ,contre l'ancienne sénatrice est illégale. Le procureur général de Colombie, Mario Iguaran, a relativisé dans la nuit de vendredi à samedi les espoirs des soutiens d'Ingrid Betancourt.
«Le Bureau du procureur soutient le décret présidentiel, mais à la condition que la suspension conditionnelle de peine, ou la peine alternative, soit concédée quand a eu lieu un accord humanitaire et quand tous les otages (des Farc) ont été libérés», ont expliqué ses services vendredi soir.
En clair, les Farc doivent libérer tous leurs otages pour que la Colombie remette en liberté leurs hommes détenus. Ceux que ces derniers refusent. Ils réclament la libération de 500 guérilleros en échange de celle d'un groupe de 39 otages dits «politiques», dont Ingrid Betancourt.
La sœur d'Ingrid, Astrid Betancourt, qui souligne que «rien de concret» ne permettait aujourd'hui «de dire que l'irréparable était arrivé» à l'otage, a exhorté les Farc, « au cas où l'état de santé de sa soeur s'aggrave, de contacter les autorités vénézuéliennes, françaises ou suisses» de façon à ce qu'elles puissent intervenir sur le plan médical.Alvaro Uribe qui s'est rendu samedi dans la localité de San José del Guaviare, la région où l'otage Ingrid Betancourt a été vue fin février, a lancé un appel pressant à ses ravisseurs à la désertion des rangs de la guérilla.
«Nous garantissons la liberté aux guérilleros qui remettront leur otage et nous protégerons leur famille», a déclaré le chef de l'Etat, qui a rappelé qu'une prime de 100 millions de dollars serait versée dans ce cas.«Ce déserteur pourra , s'il le veut, partir vivre à l'étranger. Nous avons déjà établi cela avec la France», a-t-il affirmé.
Cette affaire n'a que trop duré. L'attente insoutenable de cette famille nous émeut et en même temps, il y a une légitimité pour une réelle inquiétude compte tenu du recoupement de toutes les infos. Ayons toutes et tous une pensée pour Ingrid Betancourt, tous ses proches et ses compagnons de captivité.