27 Janvier 2008
La garde à vue de Jérôme Kerviel, entendu depuis samedi par les policiers de la Brigade financière, a été prolongée dimanche pour 24 heures et l'enquête progresse de façon "extrêmement fructueuse", selon le parquet de Paris.
La Société Générale, qui accuse Jérôme Kerviel d'être l'auteur d'une fraude qui lui a coûté 4,9 milliards d'euros, maintient depuis la révélation du scandale, jeudi, la thèse du "trader isolé".
Mais les avocats de M. Kerviel ont contre-attaqué dimanche, assurant que le jeune homme n'avait "commis aucune malhonnêteté, (n'avait) pas détourné un seul centime, (ni) profité d'aucune manière des biens de la banque".
Ils ont en outre accusé la Société Générale de vouloir "élever un écran de fumée" pour détourner l'attention du public de "pertes beaucoup plus substantielles", et d'avoir provoqué elle-même des pertes de près de 4,5 milliards d'euros en liquidant des positions "qui auraient pu se redresser avec le temps".
La banque a affirmé dimanche que les positions frauduleuses prises par Jérôme Kerviel avaient atteint la somme vertigineuse de quelque 50 milliards d'euros, et qu'elle avait liquidé des positions entre le 21 et le 23 janvier, permettant de ramener sa perte finale à 4,9 milliards d'euros.
Les enquêteurs français, eux, interrogent le trader sur la manière dont il a pu contourner les multiples protections de la banque, sur d'éventuelles complicités, et sur ses motivations.
"Cela se passe bien, l'enquête menée par les spécialistes de la brigade financière est extrêmement fructueuse", a déclaré dimanche à la presse le chef de la section financière du parquet de Paris, Jean-Michel Aldebert.
Employé depuis 2000 à la Société Générale, l'une des trois principales banques françaises, M. Kerviel a d'abord travaillé dans le suivi de marché, où il a acquis la connaissance des procédures de contrôle, puis, à partir de 2005, dans la salle des marchés, où il était chargé de passer des ordres sur des contrats à terme.