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Stella Vidal : mes coups de gueule et coups de coeur

Coups de gueule et coups de coeur sur des sujets variés, politique (j'adore!), actualité, automobile, billets d'humour, gastronomie, santé, enfants, protection animale, sport y tutti cuanti : no limit ! je vous attends.

JACQUES VIGUIER : POURQUOI JE NE VAIS PAS A LA TELE

En survêtement, mais pas détendu : Jacques Viguier, 54 ans, est un homme marqué, qui se dit «fatigué»./Photos DDM. Thierry Bordas.
En survêtement, mais pas détendu : Jacques Viguier, 54 ans, est un homme marqué, qui se dit «fatigué»./Photos DDM. Thierry Bordas.
En survêtement, mais pas détendu : Jacques Viguier, 54 ans, est un homme marqué, qui se dit «fatigué»./Photos DDM. Thierry Bordas.

L'émission «Faites entrer l'accusé», diffusée ce soir (22h25) sur France 2, ouvre le dossier de «l'affaire Viguier», qui n'est pas résolue. Doublement acquitté, le professeur de droit toulousain Jacques Viguier a refusé de participer à l'émission.

Vous n'avez pas voulu participer à l'émission de Christophe Hondelatte. Pourquoi ?

Quand on m'a sollicité, j'étais fatigué… Je venais d'écrire mon livre où je trouve que la vérité a été dite. Et puis l'émission s'appelle « Faites entrer l'accusé ». J'ai été acquitté deux fois. Cela aurait été inapproprié pour moi d'y participer.

Vous n'aviez pas envie de vous replonger dans l'affaire ?

J'ai assez souffert pendant dix ans.

Depuis votre acquittement du meurtre de votre femme, vous avez repris le cours de votre vie ?

Oui. Je n'ai jamais cessé de continuer à vivre, d'élever mes enfants, de faire mes cours. Mais avec moins d'âme. Depuis février 2000, quelque chose a basculé de manière totalement irréversible.

Peut-on parler de vie « normale » ?

Une vie qui n'est pas complète. Il y a l'impossibilité de recommencer quelque chose dix ans après.

Votre maison semble inhabitée…

Vous venez tôt le matin. Mon fils dort encore. Sur trois enfants, il reste le seul à vivre avec moi.

Vous avez été malade. Etes-vous mieux ?

Je continue à voir des psys pour essayer d'être équilibré. Je prends des médicaments.

Vous tournez la page ?

Disons que je n'ai pas envie de revenir sur l'affaire. En même temps, elle forme ce que je suis devenu. Je ne peux pas l'effacer.

Votre regard sur la justice a-t-il changé ?

La justice, on la connaît en théorie. En pratique, non.

Mais vous êtes agrégé de droit…

Oui, mais de droit public. Pas de droit pénal. Je me suis aperçu que la justice fonctionne avec difficultés ; il n'y a pas assez de personnel, pas assez d'argent, tout un tas de problèmes qui font qu'on en arrive à un cas comme le mien.

Avec le recul, comment expliquez-vous que la justice ait pu vous accuser ?

On a fait confiance à l'amant, un type qui vient dénoncer quelqu'un d'autre. La justice a montré qu'elle

[Ndlr : Suzy, sa femme] ne comptait pas partir avec lui, et selon moi, elle était même lassée de lui. Votre procès a eu du retentissement. Parce que tous les ingrédients du crime passionnel étaient là ? Le mari notable, l'amant ? Le personnage du notable a été totalement inventé. Je ne suis pas un notable ! Juste quelqu'un de très simple. Pas prétentieux. Vous avez été acquitté. Pour autant, la disparition de votre femme n'est pas élucidée… Non. Pendant l'affaire, j'avais pris des détectives privés pour essayer de trouver quelque chose. Mais on n'a rien trouvé parce qu'en France, on ne peut pas enquêter autant qu'on pourrait l'espérer. Vous y pensez encore ? On ne peut pas y échapper, tant que ce n'est pas résolu. Qu'imaginez-vous ? La solution pour expliquer cette disparition ne pourra venir que du hasard. Malheureusement, j'ai des idées un peu morbides. J'imagine la découverte de trois ou quatre corps dans une cave… la vérité qui se dévoilerait. Ecrire vous a-t-il fait du bien ? Oui. Cela m'a fait du bien de dire ce qui s'était passé. Vous avez demandé une indemnisation. L'avez-vous obtenue ? Pas encore. La justice ne compenserait que les 9 mois de prison, et pas toute la souffrance que j'ai eue pendant dix ans. Le ministère public aurait conclu à une indemnisation de 25 000 euros. J'aurais trouvé normal d'en toucher 200 000 avec ce que l'on a vécu. J'aurais pu acheter une voiture pour les enfants. En fait, l'argent, je m'en fous. C'est un symbole… négatif. Vos enfants ? Ma fille sera infirmière. L'un de mes fils veut être sapeur-pompier, l'autre, psychologue. Ma grande crainte était que mes enfants se replient sur eux-mêmes. Je suis rassuré de les voir tournés vers les autres. Cela me fait très plaisir.

Zoom

Disparition inexpliquée

27 février 2000. Après un tournoi de tarot à Montauban, Suzanne Viguier, 38 ans, revient vers 4 h 30 à Toulouse raccompagnée par son amant. Elle dort au rez-de-chaussée du domicile conjugal. Ce tte nuit-là, Jacques Viguier entend sa femme rentrer.

1er mars 2000 : Jacques Viguier signale la disparition de son épouse.

10 mars 2000 : Des traces de sang dans la maison. Le matelas où dormait Suzy qui a disparu. Jacques Viguier est placé en garde à vue. Il ressort libre.

11 mai 2000 : Jacques Viguier est mis en examen pour l'assassinat de son épouse. Puis incarcéré. Il crie son innocence.

15 février 2001 : La cour d'appel de Toulouse ordonne la remise en liberté de Jacques Viguier. Celui-ci retrouve son travail d'enseignant à l'université des Sciences sociales de Toulouse.

22 février 2007 : La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Toulouse confirme le renvoi de Jacques Viguier devant la cour d'assises pour le meurtre de son épouse Suzanne.

30 avril 2009 : Après neuf jours d'audience, les jurés de la cour d'assises de la Haute-Garonne déclarent Jacques Viguier « non coupable ».

20 mars 2010 : Jugé en appel à Albi, Jacques Viguier est acquitté. « Plus personne ne pourra suggérer sa culpabilité », conclut Me Eric Dupond-Moretti, l'un de ses avocats.


4 mois de travail pour 1h30 d'émission

France 2 propose ce dimanche soir à 22 h 25 un numéro de «Faites entrer l'accusé» consacré à l'affaire Viguier . Petit tour dans les coulisses d'une émission qui a su imposer sa griffe. 28 février 2000 - 20 mars 2010. Dix ans d'énigme, une longue enquête de la police judiciaire, une instruction, deux procès devant les cours d'assises de la Haute-Garonne et du Tarn et deux acquittements.

 

En 90 minutes, l'émission «Faites entrer l'accusé» revient sur « La disparition de Suzanne Viguier », titre du documentaire, à propos d' une affaire qui a marqué Toulouse. « Ce n'est pas une affaire très spectaculaire mais elle touche les gens, estime Isabelle Clairac ,rédactrice en chef de l'agence «17 juin Media» (qui a réalisé plus de 120 «Faites entrer l'accusé»), parce que cette disparition, ce mystère, intervient dans une famille qui a une position sociale, une vie a priori tranquille et où, tout d'un coup, tout bascule.

 

Et aujourd'hui encore, on ne sait pas ce qui a pu réellement se passer ». La rédactrice raconte: « Nous avons commencé à travailler sur ce dossier lors du deuxième procès, en appel. «Faites entrer l'accusé» intervient quand on sait qu'il n'y aura pas de nouveau recours ». La journaliste Marie-Laure Gendre a suivi la dernière semaine d'audience, à Albi, avant d'enchaîner, « à chaud », des interviews de témoins. Suivront trois semaines de travail à Toulouse pour la journaliste, son cameraman et son preneur de son. Christophe Hondelelatte a ensuite interviewé en plateau les avocats Mes Henri Leclerc, Francis Szpiner et Éric Dupond-Moretti. Et l'équipe a ensuite passé cinq semaines au montage avant de voir, et revoir l'émission pour « affiner ».

 

Au final, le documentaire est rythmé, et retrace les hauts et les bas, les interrogations et les non-réponses de ce dossier. Un très bon opus de «Faites entrer l'accusé», auquel Jacques Viguier n'a finalement pas participé. « C'était prévu. Il devait venir en plateau. Il a fait un autre choix. Bien sûr, nous l'avons regretté d'autant qu'il nous avait ouvert sa maison et permis de filmer chez lui. Au final, après avoir vu et revu le documentaire, cette absence ne constitue pas un handicap. Cela laisse à chacun la possibilité de se faire sa propre idée sur cette affaire ».

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